Vue atmosphérique de lougres à voile amarrés devant les entrepôts industriels du port. Ces bateaux de pêche traditionnels, avec leurs mâts élancés et leurs voiles ferlées, représentent la fin d'une époque. Les entrepôts en arrière-plan, avec leurs inscriptions partiellement visibles, témoignent de l'activité commerciale intense du port. Ces bâtiments stockaient le poisson, le sel pour la conservation, ou les équipements de pêche. Les lougres, reconnaissables à leur gréement caractéristique, étaient les bêtes de somme de la pêche côtière avant l'avènement de la vapeur puis du diesel. Joseph Huret avait introduit le gréement "dundee" britannique, plus maniable que le gréement lougre traditionnel. Les équipages visibles sur les ponts préparaient probablement la prochaine sortie ou effectuaient l'entretien quotidien : vérification des voiles, graissage des poulies, inspection des cordages. La vie à bord d'un lougre était rude : espace confiné, absence de moteur signifiant dépendance au vent, séjours prolongés en mer. Cette image capture les dernières années de la marine à voile, bientôt supplantée par la modernité. Les chalutiers à vapeur, puis diesel, offriraient plus de puissance, d'autonomie et de sécurité. Mais quelque chose de l'âme maritime se perdrait avec la disparition de ces voiliers. Le reflet des coques dans l'eau ajoute une dimension poétique à cette scène du quotidien portuaire, rappelant les tableaux des artistes de la colonie d'Étaples comme Eugène Boudin ou Gustave Loiseau.